samedi 29 novembre 2008

Lucidifier

Si ces prochaine lignes sont écrites à la troisième personne c'est que ça me semble adéquat, approprié. Je suis consciente que je me répète, mais permettez-moi encore: la vie va si vite. Il me faut m'ordonner des séances d'observation de ma vie pour ne pas oublier de la saisir, de l'immortaliser, de la lucidifier.

Savez-vous qu'il n'existe pas, du moins pas dans le Bescherelle ni dans le Petit Robert, de verbe dérivé de l'adjectif "lucide". Lucide: "Qui perçoit, comprend, et exprime les choses avec clarté et perspicacité". Je me demande pourquoi il n'existe pas de verbe. Au 21e siècle, ça n'arrive plus tout seul ça. Ça prend de la gestion, de la planification, des stratégies, et des post-évaluations. Merde, non, pardon. Ça c'est le dossier de mon prochain cours. Où en étais-je? Re-merde, je ne sais plus.

Lucidifier…

Tout cela commença par un souper-croisière organisé par le quotidien Le Devoir. Elle allait y représenter son Musée (en foi d'annonceur), et n'était pas toute d'enthousiasme à l'idée de se retrouver au milieu du fleuve – face à l'impossibilité d'user de la formule "acte de présence". Néanmoins. La possibilité d'une soirée offrant quelques belles surprises n'est jamais exclue. Par expérience.

Sur le quai, elle attend (im)patiement Chantal, la "account manager" de son agence de publicité.

"Fu**. C'est pas vrai, elle va pas me laisser seule sur cette prison flottante."

Embarquement. Merde. Elle sait que sans elle ne pourra pas se reposer de relations publiques avec quelques conversations (insipides) avec sa collaboratrice.

"Mousseux?"
"Oui, je vais en prendre deux, j'attends quelqu'un."
Igloo-igloo.

Le temps de boire quelques gorgés et de s'accoutumer à la berce du bateau, elle fait la rencontre d'une splendide jeune femme à la voix douce et posée. Celle-ci travaille en communication pour la JCCM, la Jeune Chambre de commerce de Montréal. Elles conversent un moment, profitant de plusieurs champs d'intérêt professionnels communs.

- "J'aimerais beaucoup t'inviter à participer à un projet d'événement mettant de l'avant les créateurs de JCCM. Tu devrais devenir membre!"
- "Hummm. Pour les petits déjeuners causerie, tu m'oublies, serrer des mains à 7:15 le matin est tout simplement inconcevable. Mais pour un projet spécial; appelle-moi!"

Quelques semaines plus tard, le vendredi à 16h; convocation à une première rencontre du comité organisateur de l'événement de la JCCM. Lundi 18h.

"Bien sur. Le soir où j'enseigne."

La fin de semaine offre peu d'espoir de repos. Une vingtaine d'heures de travail pour préparer son cours du lundi au programme. Elle respire profondément. Assise dans la voiture la menant dans la campagne de Saint-Pierre, elle lucidifie. Les semaines, les jours, les heures et les minutes qui viennent de passer. Les secondes qui passent pendant qu'elle réfléchit.

Dans la très grande maison ambre, le temps fait tranquillement son tic-tac. Tic tac. Son paternel en visite, lit sa montagne de journaux, sa chanteuse de belle-sœur fait la sieste à l'étage, son Mc regarde un film sur le divan de la véranda.

Elle, elle est à la cave. Devant le feu. Profitant autant de la chaleur du poêle que de celle d'avoir une maison remplie de ceux qu'on aime. Les plan marketing & stratégie créative passent mieux, se dit-elle.

En ouvrant les yeux, lundi matin, elle commence à penser à sa journée. "Un meeting ce matin. Ce midi, faut faire les photocopies pour le cours. En partant à 19h de la réunion, j'aurai le temps de finir de préparer mon cours avant 20h30. Oh Fu**. Don't think about it, just do it. Get up."

Contemplant sa nouvelle machine à expresso rouge vif qui coule doucement l'élixir, elle se répète qu'à 23 h ce soir, ce sera fini. Mais ce sera surtout accompli.



Arrivant au lieu de la rencontre, elle aperçoit la jeune directrice du comité, avec qui elle avait eu quelques échanges téléphoniques sympathiques;
-"Lili? Je savais que c'était toi! J'ai été une de tes étudiantes lors d'un voyage-mode à New-York!"

Puis elle rencontre un autre membre de l'équipe du comité, qui travaille aussi chez Urbania, magazine montréalais, very trendy, very urban. Rencontre qui fut, à défaut d'un meilleur mot pour le dire, productive. Le lendemain, suite à un coup de fil de sa part, elle lui avait trouvé une styliste en une heure pour un shoot le lendemain, et ce même lendemain, ils concluaient aussi la vente d'une page de publicité dans le magazine.

Elle respire profondément. Elle se retrouve le vendredi soir, dans une petite salle bondée de L'Assomption, à écouter et regarder le spectacle de sa chanteuse d'amie et belle-sœur. La main bien serrée dans celle de son amoureux.

Puis sur l'autoroute 40, vers le Cabaret du Musée Juste pour Rire, pour célébrer l'anniversaire de son nouveau collaborateur Urbanien. Patry elctro, jeune crowd; vodka soda svp. Elle se sent vieille devant cette très jeune vingtaine. Peut-être que ça l'amuse aussi.

Elle respire profondément. Devant sa fenêtre, elle regarde le temps, gris et mouillé de ce dimanche de novembre, elle lucidifie. Les semaines, les jours, les heures et les minutes qui viennent de passer. Les secondes qui passent pendant qu'elle y réfléchi.

mercredi 22 octobre 2008

L'usure de la compassion

Comme pour plusieurs d'entre vous, la magie de Facebook m'a permis de profiter de retrouvailles inespérées. Comme avec cette amie, la première que je me suis faite en quittant le nid familial pour la vieille capitale. Dans mon collège beaux-gosses-de-riches, je peinais à trouver une âme avec un minimum de compatibilité… Puis Anne est apparue comme un vent de fraîcheur en ces murs austères.

Quinze ans plus tard, la revoici, dans ma boite de courriel du populaire site "social". Les mots qu'elle m'a écrits mon grandement touché; la femme qu'elle est devenue, tout autant.

Profitant du petit micro qu'est ce blog, voici quelques mots à mariner, pour vous-même.

"Je te jure, les 3 premiers mois passés en pédopsychiatrie, je me saoulais presque à tous les soirs, tellement j'hallucinais de ce que j'entendais. J'ai même, au jour de l'An 2005, passé une nuit à brailler dans les toilettes, après une soirée au travail à essuyer le sang d'une petite fille de 13 ans, sur un mur. Ouin ! Des histoires de souffrance et d'une violence incroyable ! Et puis, tu vois, 4 ans plus tard, bien que j'aime toujours la psychiatrie, j'ai découvert que j'étais devenue blasée, que maintenir une enfant au sol ne me faisait plus sourciller, et que je pouvais poser un "set" de contentions sur un lit les yeux fermés. L'usure de compassion existe."

L'usure de compassion existe.

Voici un indice à ce qui demeure une grande question.
Pour ceux qui en doutent; pensez-y devant le prochain clochard étalé sur la bouche d'air chaud du métro…

La compassion d'Anne ne s'est pas tout usée; elle s'occupe maintenant de nos militaires qui reviennent du cauchemar du Moyen Orient.

samedi 27 septembre 2008

Stepping stones et foie gras

Tout se transforme. Tout bouge. J'ai peur de perdre pied. Pourtant j'ai été élevée sur un voilier, la houle n'est pas supposée me débalancer. Même dans les plus grands vents, je peux courir du cockpit au pont, même sauter sur le quai pour amarrer l'embarcation. De n'importe où, les yeux fermés, je sais pointer le fleuve.

Pourtant en ce petit matin d'automne, je doute. Je ne sens pas mes pieds sur le sol. Peut-être plus à 6 pouces dans les airs. Alors que la nature s'apprête à s'endormir, il y a un grand squall à l'horizon. L'instabilité de l'air est palpable. Le nouveau projet d'enseignement n'est que le début, l'entrée m'annonçant que le plat principal serait tout aussi substantiel.

Je suis allée souper au Mange-Grenouille cet été. Une bouffe débile, psychadélique, lyrique, qui nous occupa pendant 3 heures. Déjà, après l'amuse-gueule, le potage et l'entrée, j'attendais le foie gras en me disant; Ouf, "better be ready girl". J'ai hâte, j'ai hâte que mes papilles gustatives s'éveillent et se contentent. Du même coup, je ne peux m'empêcher de me demander comment je vais faire.

It's like stepping stones… Dans la petite marina de Neuville, où j'ai grandi tous mes week-ends de jeunesse, ma sœur et moi passions nos journées principalement à pêcher des meneys, couchées à plat ventre sur les pontons, ou nous allions courir et sauter sur les immenses rochers entourant la marina. Mes petites jambes s'élançaient savamment pour atteindre la roche suivante (et arriver à suivre ma grande sœur). C'est ainsi présentement. Mes jambes, plus longues et habiles, sautent d'une roche à l'autre, planifiant stratégiquement où placer mon pied et ma personne tout en gérant le vertige.

Je pense à ma sœur. Ma sœur qui quitte sa Gaspésie pour la ville. Après plus de dix ans au bout de la péninsule, elle redéménage sur l'Île. Elle me disait combien les levés de soleil l'émouvaient depuis qu'elle a officialisé sa décision en louant sa maison. Comme si elle emmagasinait avant le squall.

Emmagasine Bella, et viens t'en, on a bien besoin de levés de soleil gaspésiens à Montréal.

mercredi 17 septembre 2008

Tchou-tchou!

Pensiez qu'j'avais disparue hein?!

Ça va tellement vite que des fois, j'sais plus où je suis moi-même. Les kilomètres s'enfilent sous mes pieds, comme dans ma tête. J'ai 18 minutes pour écrire. C'est le temps qui reste avant que le filet de porc soit prêt. Il est tard. J'ai le cerveau comme de la purée de pomme de terre. M'en excuse.

Media plan, types of advertising, consumer's behavior, & advertising agencies…

Je reçois un courriel il y a deux semaines, m'offrant une charge de cours dans un collège (celui là même où j'ai gradué). Il n'y a eu aucune hésitation. When do I start? Next week. Me voilà donc devant 34 jeunes adultes, le lundi soir, à enseigner "Advertising and promotional activities". Assez hallucinant. Et une expérience hautement intense. 68 yeux sur vous pendant trois heures.

Alors, voilà. Comme le contrat venait avec un mince plan de cours du Ministère, je passe mes soirées, mes fins de semaine et quelques nuits plongée dans les manuels et hypnotisée de tant de pages internet. Mais j'aime ça. J'adore. Ça me garde éveillée comme un bon film.

Ne faisant jamais les choses à moitié; je me suis armée de plusieurs sources (3 livres de pub à 120$ pièce). La rigueur. Les communications n'étant pas des sciences exactes (j'en ai pris pleinement conscience), je choisis ce qui me semble le plus soutenu selon les diverses sources. Je vérifie et recompile, je synthétise, je vulgarise, j'illustre.

Puis il y a la structure du cours. Combien de matière ça prend pour remplir trois heures, l'envoi des formulaires de repro par internet, le no d'employée, les réservations de projecteur, les listes de groupe, les examens à bâtir, les exercices à concevoir.

Du Musée, je passe par le Collège pour une raison ou une autre. Les autres soirs, c'est par la bibliothèque que je détourne. Puis j'envahis la table de la cuisine de papiers, laptop, livres, plan de cours… Et tout le reste s'en va. Concentration plein gaz.

Oui mais Li-liberté, il y a la vie aussi?

Je sais. Elle est partout cette vie. Y'a des bouts où il faut méditer, introspecter, mariner. Et il y en a d'autres ou il faut juste sauter dans le train.

Tchou-tchou!

dimanche 20 juillet 2008

Des nouvelles

L'homme et son char

Ma nouvelle situation conjugale me donne un accès privilégié à un sujet inépuisable: celui de la nature humaine masculine. Incroyablement fascinant. Tant de fois, je l'écoute et le regarde en me disant: mais qu'est-ce qu'il me raconte là? Puis je décode, je traduis en "langue féminine" et, non sans une touche d'une certaine perplexité, j'arrive à comprendre. Sourire en coin, je constate à quel point nous sommes quand même des espèces si différentes.

Samedi matin 10h30, à la maison de Saint-Pierre, mon Mc saute hors du lit avec une énergie rarement observée. Le pro-du-snooze enfile ses jeans d'une main, et ses lunettes de l'autre.

- J'ai rendez-vous chez le concessionnaire ce matin, me dit-il.

Ouké…
Étonnée, pas tout à fait réveillée, j'analyse ce nouveau concept: Mc, char, 10:30am. Je réalise que mon bel artiste intellectuel et profond ne se soustrait pas à cette simple virilité masculine: l'homme et son char. Lui? À ce point?

Je relève la couette;
- Pas tout de suite… Alleeeeez charmant, viens te recoucher un peu avec ta douce…
- Non, vraiment chérie, ils ferment à midi, j'ai pas beaucoup de temps…

Hummm. Ok. C'est du sérieux…
C'est vraiment marrant tout ça!
J'observe cette frénésie en me rappelant une conversation que nous avions eue à New York:
- Chériiiiie, fermes les rideaux, qu'est-ce que tu fais debout à 10h?
- Les magasins ouvrent à 9h, je suis déjà en retard…


Alors quand il me propose de l'accompagner "si je suis capable d'être prête en 15 minutes", je me décroute les yeux en réfléchissant.

Mon instinct féminin me suggère d'accompagner l'homme dans cette expédition.

Le fait est que j'aime aussi les chars. J'aime conduire. Je connais les marques, les modèles, les différentes conduites. Alors c'était de joindre l'utile à l'agréable.

Agréable: magasiner une voiture que tu n'auras pas à payer
Utile: La tâche (ingrate) d'avoir à être la voix de la raison.

L'homme reluque une Honda S2000, petit bolide sport, délicieux à conduire, dispendieux et pas-pratique-pour-5-cennes.

Quatre heures plus tard, quelques essais routiers, de multiples conversations "char" avec le vendeur (qui était tout ce qu'un vendeux-de-char digne de ce nom doit être), on décide d'essayer une Cabrio pour la fin de semaine.

Mais la S2000 n'était tellement pas pratique, la Cabrio, pas assez puissante, la BMW 320 tousse en démarrant et après 453 heures à discuter du dossier char, la saga de l'homme et son char se poursuit…

Je demeure toujours aussi déroutée…
À suivre…

***


400 polaroïds




Virée à Québec le weekend dernier. La Sœur terminant une affectation dans la vieille capitale, on s'est déniché un Hôtel crado et on a décidé d'aller voir ce que M. Wyclef Jean et M. Robert Lepage avaient concocté.

J'aime bien retourner à Québec. J'y ai habité ma tendre enfance et ma jeune vingtaine. Encore plus merveilleux d’y retourner en compagnie de celle avec qui j’ai partagé ces séjours; Zeve. L’homme profitait de son dernier weekend avant de recommencer un Full time job et le ton était résolument à la fête pour les trois « adulescents » que nous sommes.

Comme on s’en serait douté, nous avons manqué Wyclef. C’est la faute à la terrasse du Linox, et de sa bière maison. Désolant, mais les côtes à monter jusqu’aux plaines étaient tout à fait hors de question. Puis le samedi aura été tout en douceurs et spontanéité. Des lattés au Temporel, puis une marche rue des Remparts. La soleil est bon, l’ombre encore plus.

Eve et moi sommes assises sur un banc. On regarde les gens passer devant nous.
- Eve, as-tu remarqué comment tout est propre ici? Les rues, les bars, le monde, ils sont tellement propres. C’est plein de fleurs partout, ça ne sent jamais les vidanges. À part un ou deux squeegies, ils sortent tous de chez Simons. C’est un brin aseptisé, un peu Disney World.

Méditant au soleil, on se regardait discrètement à chaque fois qu’une jeune femme montait la côte, titubant sur ses talons de 4 pouces tenant sa mini qui partait au vent.
Et Eve de me dire :
-Mmmm. Elle doit vraiment apprécier son après-midi.

...


Après un apéro au Belleys,



un autre sur notre terrasse VIP,




un souper entre amis, nous étions fins prêts pour le Moulin à images...





(Terrasse du Manoir des Remparts)



Ou enfin, c’est ce que nous croyions.

Encore une fois, le génie de M. Lepage aura réussi à nous jeter par terre.

***
(parlant de génie artistique…)


Rencontre






Croisé lors de vernissages, c’est finalement grâce à un 5 à 7 improvisé à son appart-atelier que j’ai rencontré Rohrer. Quelle belle soirée. Quel plaisir d’entendre Mc et Jean-Daniel échanger sur l’art, la technique, les matériaux, la conception, la vision. Aussi sur le métier d’artiste, le cheminement, les rêves, les craintes. Like a fly on the wall, j’écoutais et j’observais. J’aime les lieux de création. Voir ceux des autres. Leur organisation bordelique.

C’est quand j’ai mentionné ma fascination et passion pour le papier de soie qu’il nous invita vers une petite pièce, adjacente à son atelier, à l’arrière de la maison. On avait peine à y entrer tellement elle était remplie de livres, de stencils, de décalques, de manuscrits… et de papiers de soie. Enluminures, symboles chinois, motifs de la renaissance... J’en suis venue les jambes molles.

À 22 heures, gorgée de belles conversations, de découvertes, de partage, je repartie les bras rempli de cadeaux – une litho, trois catalogues de ses expos, et une montagne de papiers de soie, ce qui ajoute à son immense talent, une générosité extrêmement touchante.

www.jeandanielrohrer.com

***


Dimanche matin.

Je cherche désespérément une excuse pour ne pas avoir à commencer mon ménage. Les ptits rouleaux de poils-d’Émile qui valsent partout me découragent. Mon bureau est rempli de papiers, factures, fils d’ordi, de cell, de cam. Un rond de verre de vin rouge. Mon atelier est quelque part sous les livres, les pots de pinceaux, les ciseaux de couture… Je vous épargne la salle de bain, et les cernes de pâte à dent sur le comptoir.

Je vais aller jouer avec mes papiers de soie.

mardi 3 juin 2008

En vrac (5)

Extrait de courriel :

Bonjour Charmant,


Comment allez-vous en ce lundi matin? Votre humble correspondante qui vous écrit de sa belle Gaspésie... Enfin de retour chez moi. Bien qu'étant native de Montréal, grandi à Québec et Trois-Rivières; c'est ici que je me sens chez moi. Pas toujours une question géographique tout ça, c'est aussi dans le coeur que ça ce passe... Le rythme, l'odeur de l'air, la distance, la couleur du ciel; comme je suis bien ici... Il me faut faire un effort de concentration pour décrocher. Le rythme de la ville est envahissant. J'ai tellement couru ces derniers mois que là, en ce lundi matin, il y a au fond de moi un besoin de "faire quelque chose" contre lequel il me faut lutter. "Non, non, Lili, ça va. Pas besoin d'appeler au Musée, d'écrire un blog, d'envoyer des courriels"... "Ah, oui? Je peux ne rien faire du tout?"...

Y'a qu'à regarder par dehors la mer qui souffle ses vagues, pour se rendre compte que la seule chose au menu aujourd’hui, c'est essayer de s’abandonner à ce rythme répétitif, lent et Ô si calmant!

***

Extrait de journal :

Mardi 27 mai 23h30
Le vernissage de l’expo sur Yves St-Laurent (Musée des Beaux Arts)

« Je savais bien que je te trouverai ici Darling »
Ça faisait au moins un an que je ne l’avais pas vu. Le beau Jocelyn. Mon professeur puis collaborateur, puis ensemble, co-guides de voyages étudiants à NYC. Quand on s’est rencontré, c’est comme si on se connaissait depuis toujours.

-Ma chérie, tu es plus belle que jamais!
-Merci! Je m’aime plus; ça aide…
-Ça paraît. Dis donc une charge de cours en communications ça te dirait?

Je croise ensuite une donatrice et mécène de mon Musée.
Il va s’en dire que mon invitation à cette soirée était professionnelle, la sienne « sociale ».
-Dear, are you wearing St-Laurent?
-Oh, no, it’s not Y-S-L, it’s G-A-P

Après les relations publiques de fonction, je suis montée au deuxième étage pour rencontrer la légende St-Laurent. Que de génie, de créativité, de maîtrise de son art. C’est probablement un des derniers artistes de la mode digne de ce nom. Il le disait lui-même : « Après Coco et moi, c’est la fin de la haute couture »…ou quelque chose du genre. C’est en découvrant cette rétrospective que j’en viens à la même conclusion. Se permettre de créer une robe en hommage à Picasso, et en même temps offrir aux femmes de porter (enfin) le tailleur, c’est repenser la mode comme véhicule et non seulement comme commodité. Chapeau!

Les sugg :

À voir :
-« No end in sight »
Documentaire sur l’après-guerre en Irak. Là. Là, je peux dire que je comprends ce qui s’est passé et comment nous en sommes arrivés là.
-« Maxed out »
Documentaire sur l’industrie du crédit aux États-Unis (therefore, icitte aussi!). De la carte de crédit, aux prêts bancaires et hypothécaires. Écoeurement assuré.

À lire :
-L’évangile de Jimmy par Didier van Cauwelaert
« Je m’appelle Jimmy, j’ai 32 ans et je répare des piscines dans le Connecticut. Trois envoyés de la Maison Blanche viennent de m’annoncer que je suis le clone du Christ. »

À essayer :
La console WII, par temps de pluie, en Gaspésie.

À vivre :
L’exposition Elle, présentée à la Galerie St-Dizier (Vieux-Mtl), pour la qualité des œuvres, sa variété, son message, et surtout pour ma sublime sculpteure et forgeronne d’amie Marie-Josée Roy.

***

Extrait de photos de voyage











mercredi 7 mai 2008

Journée de fou

Journée de fou. Journée de mongole. J’aurais besoin de Roller Blades pour filer les couloirs du Musée. Je reviens à mon bureau; je regarde mes courriels. Un premier filtre gère les urgences : est-ce crucial pour les 15 prochaines minutes?
Oui-Non-Non-Peut-être-Non-Oui.

Je n’arrive même pas à prendre mes messages téléphoniques.
Tout ce que j’arrive à faire, c’est voir le nombre qui augmente :
-You have 6 new messages
-First message ...
...Dring-dring!
Ext :268 Réception
-Lili, M. Hayes pour toi.
-Lili, ta nouvelle stagiaire à la réception.
-Lili, M. Marcil pour toi à la réception
-Lili, j’ai une recherchiste de Radio-Cananda sur la 2

Les mots recherchiste et Radio-Canada me font toujours tripper.

On lâche tout. Pour Le bigot? Samedi matin? Notre nouvelle expo?
OUI bien sûr!!!

(Essayez, vous, d’trouver un spécialiste d’art inuit disponible un samedi matin, dans 48 heures)




Patron : Lili, vient me voir quand tu auras deux minutes, j’ai pensé à un projet…

Lili : Présentement, j’ai Radio-Canada au trousse, les 12 000 modifications au Programmes pédagogiques à vérifier, une nouvelle stagiaire à qui j’ai eu à peine le temps le temps de dire bonjour, le shooting photo du bustier de Jean-Paul Gaultier, le communiqué de presse du Bal à sortir, et une mise à jour Web à envoyer. Mon degré d’ouverture d’esprit face à un nouveau projet t’es très peu favorable, j’aime mieux t’en avertir.

Il me semblait que je finissais à peine de téter ma chaudière de café matinal que je vois mon adjointe mettre son manteau et que je réalise qu’il est 5pm.

***

À peine avais-je fermé mon ordi que je me retrouve parachutée dans un autre univers. Celui que j’appelle la vraie vie. Je ne sais pas pourquoi. Me semble que la vraie vie arrive après 17 heures. Mon boulot au Musée est d’être Chef d’orchestre. Quand le spectacle est fini, je sors et je me trouve devant la vraie vie.

La vraie vie ce soir était faite d’une terrasse sur Mont Royal, d’un Merlot, de clopes et de bonne compagnie.

Y’a plein de gens qui tombent dans ma vie. Des liens qui mûrissent autrement. On croise quelqu’un et quelque chose nous dit d’arrêter.

Comme ça on se retrouve un mercredi de mai (à se geler le derrière sur une terrasse) à parler de projets, d’écriture, de communications, de vidéo, de couple, de vieillesse et de rêve.

Et vlan dans les gencives.
Encore cette vie qui vous fesse en pleine face.


mardi 1 avril 2008

Sans titre

Je ne sais pas quoi raconter. J'pourrais vous raconter que c'est l'anniversaire de mon âme-soeur de soeur. Que ce n'est pas un poisson d'avril. Mon périple au Saguenay la semaine dernière; à braver la tempête dans le Parc, armée de mon homme et son viril 4x4. Que j'ai peints des oeufs de Pâques. Que j'ai recommençé à m'entraîner - parce que j'engraisse et que je ne veux pas. Que j'ai aménagé une nouvelle pièce de mon si grand chez moi. Que j'ai maintenant un beau bureau, avec une chaise "de direction" (c'est ce qui était inscrit sur la boîte). Elle a en effet de la "direction": celle du plancher croche de mon vieille appart. Parlant de "plancher"; que j'ai planché sur un scénario de spectacle musical pour un scénariste - que j'ai par ailleurs en haute estime. Que le Musée qui m'emploit n'a jamais eu une revue de presse aussi abondante pour une expo. Que je m'en pette allègrement les bretelles. Que j'ai revu - pour la première fois en cinq ans - mon ex. Mon 11 septembre amoureux. Et que, sincèrement, c'était fort agréable.

Voilà, il y a des pages que l'on a envie de tourner, d'autres qu'on veut réécrire, d'autres que l'on veut toutes blanches, et plusieurs que l'on a envie de relire avec paix. Aimer. Tout ce que l'on fait, qu'on touche, qu'on rencontre, qu'on respire, aimer tout ce que l'on aime. Peut-être aimer même ce que l'on haït. Ah. C'est Languirand qui serait fier de moi.

(Qui que. C'est si bon parfois d'haïr. Se donner le droit d'haïr. ...avec motifs résonnables, j'entends. La vie a le don de nous en fournir assez régulièrement, anyway.)


samedi 8 mars 2008

L'amour au féminin

Je ne sais pas. Je ne comprends pas. La manipulation féminine me dépasse. Remarquez que toute forme de manipulation est selon moi un non-sens, mais celle très féminine de stratégie amoureuse me scie particulièrement. J’ai été témoin de quelques exemples cette semaine. D’abord une amie me parle d’une fille partie dans un Club Med « husband hunting » … because the clock is ticking

Je trouve cela aberrant. Je sais que je porte là dessus un jugement très sévère. Mais en ces temps où l’amour est déjà, selon moi, une expédition périlleuse, il faut porter une attention particulière à la fondation. Est-ce qu’une fondation peut être celle d’une bague au doigt et l’espoir de faire germer notre utérus? Je crois fermement que la fondation doit être deux personnes. Deux personnes voulant se tenir la main. Le mariage ou la procréation doivent être un désir qui naît de cette relation et non l’inverse.

Vous me trouvez fleur bleue? L’amour avec un grand AAAAAhhhh? Même pas. C’est très rationnel. Un peu trop peut-être. Et c’est très réfléchi. Ma dernière rupture amoureuse fut en partie causée par ce profond désir d’authenticité dans les motifs, la fondation. J’avais la fâcheuse impression que mon conjoint avait une « picture perfect » dans sa tête, d’une femme, une mère, et d’enfants qui courent autours de la maison. Mais j’avais le sentiment que n’importe quel visage féminin aurait pu être placé dans cette photo.

Si un jour je me mariait se serait pour me marier avec lui, pas pour me marier. Si un jour j’ai des enfants, ce serait parce que je voudrais avoir des enfants avec lui, pas pour avoir des enfants. Sinon, vraiment, ça n’a aucune chance.

Fondations.

Bien d’autres raisons, toutes aussi mauvaises, donnent lieu à la manipulation amoureuse féminine. Ces femmes qui ne s’aiment pas assez, celles qui se servent, celles qui s’aiment par l’autre. Qui au-delà des torts qu’elles peuvent faire, des ravages qu’elles provoquent, auront toujours besoin de séduire pour se séduire elles-mêmes. Tout comme dans le précédent exemple, c’est la fondation qui ne tiendra pas le coup. Comment peut-on prétendre aimer quelqu’un si le bonheur de la personne assise devant nous n’est pas cœur…de notre cœur?

Une femme qui sait consciemment que son lien avec un homme est principalement nourrit de ses propres besoins égoïstes, et que bien évidemment, l’autre en souffre, est une honte pour le genre féminin. Rien de moins.

L’amour d’une femme est puissant, grandiose, magnifique. Il est en nous ce pouvoir aimer, d’aimer jusque dans l’ADN. C’est un merveilleux cadeau qu’il faut célébrer en l’offrant avec sagesse. Pour nous et pour lui.

L’homme que j’ai choisi peut se vanter d’être aimé pour ce qu’il est et ce que nous sommes ensembles. C’est précisément son visage que j’appose sur la photo. Et cet amour peut se vanter d’avoir une fondation authentique et sincère, nourrie par le désir d’être avec lui et non d’être à deux. Le bonheur mutuel d’être ensemble en est le ciment.

En cette journée de la femme, je souhaite à toutes mes congénères de prendre soin de leur amour. L’amour qu’elles se portent à elles-mêmes et celui qu’elles offrent.

samedi 1 mars 2008

Le cœur à la gorge

Il est à mon coup depuis la Saint-Valentin. La nuit, le jour, dans la douche, et invariablement agencé à tout mes « costumes de coordonnatrice ». À tous instants ma main va se poser sur mon cœur. Mon pouce, mon index et mon majeur s’entrelacent autours de lui le faisant glisser sur sa chaîne, de gauche à droite.

Comme tout est symbole à la lunette de mes idées, je remarque qu’il a un côté chaud, celui reposant sur ma peau et un côté froid. La façade et l’intérieur, mon petit corps et le reste de l’univers. Il est comme une extension de mon cœur, l’excroissance de mon amour. Comme si enfin, je pouvais le toucher, le caresser autant comme autant.

Comme un vrai cœur, il s’ouvre. J’insère l’ongle de mon pouce et l’ouvre grand, puis comme une grande expiration, je le referme, me rassurant ainsi du petit « clique » qu’il émet.

Émilie-Jolie me demandait ce que j’avais placé à l’intérieur. « Viens voir, lui dis-je »

-« Mais il n’y a rien?! »

Mais non, Émilie-Jolie, il y a de l’amour!
Et l’amour, ça a besoin de place!

dimanche 24 février 2008

Vernissage

D-Day

Cheveux au vent, je vole vers le Musée, munie de ma housse à vêtements et de mon laptop. J’essais péniblement de ne pas m’étendre sur le trottoir glacé. Encore et encore, je repasse mes listes dans ma tête. Tout est béton armé.

Il y aura certainement des pépins de dernières minutes à gérer. Même dans la plus grande improbabilité, la coordination d’événement consiste réellement à savoir gérer l’improbable.

La pression était là, bien ancrée au fond de mon estomac. Midi, 13h, 14h. La journée est longue. On est prêtes. Quoi qu’il y ait à gérer – l’improbable – arrive toujours dans l’heure précédant celle indiquée sur les cartons d’invitation. Je ne tiens pas en place. Mon premier vernissage au Musée. Évidement, j’ai décidé de revamper la notion de vernissage de la maison. Je me souviens de la réunion de brainstorming que j’avais décidé d’organiser où tout le monde m’écoutait, l’air un peu perplexe, les questionner sur l’ambiance, la thématique, les couleurs…

J’avais de la matière. Une exposition magnifique sur la notion de pudeur et d’audace en matière de mode féminine. Des robes aux décolletés vertigineux, aux « hot pants », aux corsets aussi beaux qu’un Ingress. Cela commandait quelque chose de chaud, de « cabaret », de glamour. Projection vidéo; Dj (…et quel Dj j’ai trouvé !), éclairage soft, jusqu’aux dossiers de presse, parfaitement « brandés ».


15 :30
Je sors ramasser un café et fumer une clope. À mon retour, le monde venait de s’écrouler. Je vous épargne les détails, une question de sécurité et d’éclairage. Voilà l’improbable à gérer, comme un 2x4 dans le front.

16 :00
La crise se gère fébrilement, tout le monde accourt. Une escouade spéciale qui se faufile entre le va-et-vient du traiteur, des serveurs, des techniciens. Les fleurs devraient être arrivées. Où sont les fleurs? Qui est responsable des fleurs? « Allez très chère, passe leur un coup de téléphone parce que je commence à avoir chaud… »

16 :30
Quelques invités arrivent (une heure avant l’heure indiquée sur l’invitation…??) Jean-Pierre à l’accueil, les invites de sa voix charmeuse et chaude à visiter la boutique ou s’installer au café… Ouf… La sécurité n’est toujours pas au poil et nous ne pouvons laisser entrer les gens. La sécurité… Comment ça avance, ça. Je retourne dans l’Atrium.

-« Dis donc, cher Patron, comment va ce chantier? »
-« On fait ce qu’on peut (*?%&$*?&%?$?@#$?%)… Remonte en haut, va te préparer, prend ton temps, je gère ça »

17 :00

Je m’effondre quelques instants sur ma chaise de bureau. Je regarde par la fenêtre. Respire. Respire Lili.

J’ouvre la housse et regarde cet ensemble savamment choisi; élégant, sexy-chic, et je me métamorphose en moins de deux.

17 :30

Ok. Bring it on. Dans l’ascenseur qui descend vers le vernissage, j’ai peur et j’ai hâte que les portent s’ouvrent. Instant hautement transpiratoire.

-ding-

Devant moi, le hall tout éclairé d’ambre et de magenta, la billetterie de bois transformée en bar ou les plateaux de mousseux virevoltent, et l’électro-jazz qui enveloppe le tout. Right on. Perfect.

- « Et puis, Patron? »
- « Mes hommages Madame… même si tu m’as fait perdre 5 livres... »

Les Poulettes furent bien entendu, des adjointes et collègues hors pair, soutien nécessaire dans l’adversité!

Et particulièrement quand Émilie-Jolie est venue me dire; « Oui madame, il est très homme ton homme… et il a une très belle voix! » Oui, c’est vrai, me dis-je… Je prends un instant pour le regarder de loin, dans son complet parfait et sa nouvelle tête de cheveux… Ouais, pas mal homme mon homme…

***

Toute cette soirée fût parfaite, les commentaires élogieux. Et j’ai eu tant de plaisir. J’ai revu plein de gens, comme la belle Nike, mais aussi les visages familiers et rassurants de Loulou et Sylvain et la visite surprise d’Alex et Geneviève. Ça fait tant de bien de se savoir entourée.

C’est à ça que je repensais assise dans un sympathique resto du Vieux Montréal, avec mon homme et mon Dj.



Entourée. C’est savoureux.
Tout comme le Shiraz avec lequel nous venons de trinquer…


lundi 18 février 2008

Le béton et le vernissage

Dimanche,
15h,
15 sud

En moins de minutes, je passe d’un petit chalet niché au creux d’une montagne et bordé d’arbres à l’autoroute 15, elle, dentelée de panneaux publicitaires géants. Mon cerveau ne s’y fait pas. Il ne peut aller aussi vite que la voiture, qui file à 120 km/h.

D’ailleurs tout le monde file à 120 km/h. On se suit comme les enfants de garderie qui défilent, tous attachés l’un à l’autre. On roule, on avance, on va sûrement finir par arriver. Puis toutes les lumières de freins arrière s’allument, l’une après l’autre. Click, click, click.

Il y a trente minutes, j’étais dans le bois.
Présentement, je pense à ma Gaspésie, où l’on peut être des heures sans voir un autre char.

Mais l’imagination n’étant pas si élastique; je suis quand même sur la 15 à Laval.

Je sais que j’angoisse. Ce n’est pas juste la 15. C’est aussi le vernissage que j’organise et qui aura lieu dans quelques jours. En coordination d’événement, c’est minuit -1. Je repasse des listes dans ma tête; invitations, textes, Dj, bannière, publicités, mise en page, traduction... Comme un skieur qui mime sa descente, les yeux fermés.

- Ça va Lili?

- …Ça ira…

Et comme une bénédiction tombée du ciel; la magie de la radio satellite nous envoi un Jacques Languirand, un Par Quatre chemins qui suffira à oublier quelques instants le béton et le vernissage.

mardi 5 février 2008

Le Salon de la Mariée


(ou le Salon de la petite princesse)

J’en surprendrai plus d’un en avouant que je suis allée, samedi matin dernier, au Salon de la mariée au Palais des Congrès. Une mise en contexte s’impose. Il y a quelques mois, nous avions reçu à mon boulot des invitations pour cet événement. Mes super adjointes, qui ouvrent mon courrier, se sont bien payé ma gueule-de-célibataire en laissant les billets bien en évidence sur mon bureau.

En posant mes yeux sur le coupon, un seul mot me vient en tête : KINO.
-Vous ne devriez pas me lancer des invitations comme ça les poulettes, maintenant, vous êtes prises pour venir avec moi… On va faire un court métrage!

L’une d’elles nous a finalement faussé compagnie. Son excuse était des plus valable : « Mon chum ne me croira jamais si je lui dit que c’est une blague ».
T’as raison Milie, les mecs, faut pas leur faire des peurs comme ça…

-T’en fait pas ma bretonne, j’ai la personne qu’il nous faut. Laure s’est fiancée à Noël!



- Laure tu fais quoi samedi matin?
-Ah, rien, pourquoi?
-Parce que l’on s’en va au Salon de la mariée…
-Tu rigoles?
-Pas du tout, on fait un kino et j’ai besoin d’une fiancée. La bretonne jouera ta demoiselle d’honneur…


La belle fiancée me racontait récemment à quel point elle peinait à feindre l’éblouissement devant une de ses amies qui lui déballait les photos de son mariage, les coussins de divan avec le portrait des époux, jusqu’à la peinture faite à partir d’une photo qui trônait au dessus de leur lit.

En sortant, Laure précisa à son fiancé que cet étalage était tout ce qu’elle ne voulait pas. Laure veut aller se marier à Vegas, un weekend sur le fly… (Je donne personnellement un A+ à cette idée)

D’ailleurs, laissez moi vous raconter les fiançailles de Laure et Paul, que je trouve des plus délicieuses, merveilleusement romantiques, et surtout des plus authentiques et sincères.

Les tourtereaux passent les fêtes en France dans leurs familles avant de devoir se quitter pour trois mois, Paul allant bosser à Paris et Laure à Montréal. Au matin du départ de Paul, après 5 ans d’amour heureux, ils se sont dit : Dis donc, on se fiance?

Hop dans la voiture, hop bijouterie, pour finalement se passer la bague au doigt, remplis d’émotion, dans le stationnement de la gare.

La spontanéité n’a pas d’égale.


***

Le Salon de la mariée fût à la hauteur de nos attentes.
L’apothéose du kétaine.

Voici nos plus succulentes découvertes – qui feront l’objet d’un kino quand la réalisatrice aura le temps :

- Des Hummer Limousine, des spécialistes de la noce médiévale, Nautilus Plus, Master Card, une compagnie de Paintball et une autre de danseurs nus pour le Bachelorette respectif de Monsieur et Madame, grosses robes à crinoline et déclinaisons pastelles pour les demoiselles, un service de spas à domicile, des diadèmes, et des chandelles affichant la photo du couple…

- Une mention spéciale pour le kiosque d’une compagnie vendant des alcotests individuels et personnalisés avec la photo des futurs époux et une prose de leur choix. (Je proposerais : Saoûlez-vous comme il le faut – pêtez la balloune, et profitez du chauffeur que nous avons engagé pour la soirée. Vos nouveaux époux alcooliques et responsables xx)

- Mes félicitations à Laure pour avoir gardé son sérieux pendant d’interminables minutes, alors qu’elle se faisait friser les cheveux par une demoiselle qui l’assurait que ce fer à friser lui donnerait des boucles fermes pour au moins 12 heures.

***

En somme, le Salon de la Mariée est recommandé pour enlever toute envie de se marier.

Une chance, il reste la spontanéité
et Vegas…

samedi 26 janvier 2008

Le Plateau Mont-Royal

Le Plateau Mont-Royal…

Ahhhh! L’endroit branché de Montréal. Le haut lieu des tendances aux habitants Oh so trendy… Ça me fait marrer tout cela… Y’a bien qu’à l’extérieur de Montréal que l’on pense le Plateau « branché »…

Dimanche après-midi sur la Mont-Royal. J’attends le Mec qui doit aller poser ses étiquettes sur les toiles qu’il expose au Boudoir. On arrive de deux jours dans le bois. J’ai une tronche de bûcheronne, j’ai pas envie d’aller prendre un verre au bar.

« Je vais aller faire des courses pour le souper… »

Le regarde avec amusement les demoiselles brushing-make-up faire la file devant L'Avenue et L’Eldorado. On sait jamais, on pourrait tomber sur Charles Lafortune ou mieux, Garou. Faut pas avoir la face que j’ai en tout cas.

Attendre en ligne pour déjeuner.
Still puzzles me…

Première Moisson. J’évite le line-up en optant pour les produits congelés. Deux pizzas. Comptoir pain; une baguette et un pain au fromage. Je passe à la caisse. Je n’ai pas mes sacs de magasinage alors je demande au commis le prix d’un sac en nylon – vous savez, ceux que l’on roule en boule et que l’on garde dans sa sacoche?

-« 12.95$ madame. »

-« Pardon? Est-ce que vous verser une part à Équiterre sur ça? »

-« Ce n’est pas nous qui fixons le prix, c’est le sac officiel de l’Avenue Mont-Royal »

-« Ça explique le prix. » Ayant travaillé assez longtemps dans la guenille, le calcul mental s’effectue automatiquement : un sac comme celui-ci coûte 0,30$ au cost (si vous importez de la Chine), ça fait un mark-up de 4500%.

Je sors avec mes deux sacs de plastiques.

J’entre à la fruiterie. Une jeune femme, copie carbone des pages mode du Clin d’œil, beugle et sacre dans son cellulaire avec un ptit twist d’accent français. J’imagine qu’elle se pense seule et incognito derrière ses verres fumés démesurés (plus du tout tendance, by the way…).


J’avance péniblement entre les clients et les poussettes, je regarde les étales, je tente de faire des choix de consommation consciencieux en regardant la provenance des aliments, en comparant les prix.

Finalement, mes yeux et ma patience s’arrêtent devant une offre de poivrons biologiques…emballés individuellement dans un kilomètre de pellicule plastique.



-« Ça va chérie? »
-« Oui-oui… C’est juste vraiment déprimant le Plateau »



***



-« J’t’aime, tu sais. Pis si tu l’sais pas…t’es un peu conne. »


-« Moi aussi je t’aime vieux con. »

Je trouvais cette déclaration d’amour assez branchée pour la partager avec vous.


mercredi 16 janvier 2008

La vie "point form"

Dans le wagon de métro qui me ramenait à la maison, je songeais à la mise en scène de ces pages. Cette réflexion se passait comme d’habitude en une étrange conversation mentale, un argumentaire entre Lili et Liliberté… ou peut-être Lilibellule et Lilidéale.

-Tu ne te questionnes pas sur la pertinence de ton blog?

-Oui, tout le temps.

-Tu ne trouves pas ça un peu nombriliste?

-Oui, un peu, des fois.

-Au fond, qu’est-ce que les gens peuvent bien en avoir à cirer de ce que tu as fait de ta fin de semaine.

-Je sais. Mais il me semble que ça va plus loin que ça quand même?

-Je ne sais pas. Tu racontes ta ptite vie sur le net… C’est un peu ringard.

-Mais c’est justement ça. Je ne raconte pas ma vie. Je raconte la vie. La nôtre comme celle de la jeune mère assise devant moi… la vie, juste la vie.

Ce n’est pas important que je raconte la magnifique fin de semaine que je viens de passer dans un chalet dans le nord. Ce qui est important, c’est la vie qui parfume tout.


Samedi nuit, assise seule à la table de cuisine du chalet, j’ouvre mon carnet de note. Ayant la prose vachement abîmée par l’alcool, je décide d’y aller pour le format « liste ».
Et en relisant ces lignes ce soir, c’est justement là que j’y ai trouvé la vie.

Quelques heures de paix, loin.


Un mot croisé, une sieste, une marche.

Des gens fabuleux, des retrouvailles, des histoires.


De la bouffe, du vin, et de la musique.

Quelques vieilles planches de bois, des fenêtres, et du paysage.


Un poêle à bois qui ronronne, une table, et une chandelle.


Des étoiles partout dans le ciel, la lune qui éclaire les monts de neige.

Voilà mes amis.
Ça c’est la vie.

Et elle est libre de droits pour qui sait en profiter.

samedi 5 janvier 2008

Holiday - New-York City Baby


Nous l’avions promis.
Il y a tant de promesses que l’on oublies, ou que l’on choisi d’oublier. Il y a celles que la vie nous empêche de tenir, celles que l’on ne peut plus honorer. Celles que l’on ri d’avoir prises et celles que l’on pleure d’avoir abandonnées.

Puis il y a des promesses qui se doivent d’être réalisées. Ne serait-ce que pour croire que parfois, elles existent vraiment. Même les plus folles et les plus frivoles.

L’an passé, le Mec, Eve et moi avons passé notre 31 décembre 2006 ensemble. On ne se connaissait que sur le souvenir d’une heureuse rencontre quelques jours plus tôt, au lancement du livre d’un ami commun. Une veille du jour de l’an improvisée, mais qui arrivait pile. Le Mec et moi étions tout deux au troisième sous-sol de la vie. Là où le fond de l’air effraie.

Rencontre salutaire; les deux petites âmes qui arrivaient à peine à tenir debout ont fait la fête, jusqu’au lever du soleil.

Et comme pour croire que l’année qui commençait se devait d’être meilleure, elles se sont promises de défoncer 2008, nul part ailleurs qu’à Time Square, NYC.



We made it ! We're here !









***
Time Square. 31 décembre 2007

C’est une tradition vieille de 100 ans, deux millions de personnes se rassemblent sur Time Square « to watch the descent of the ball ». Immense boule de cristal qui, sur le compte de minuit, descend des airs sous les confettis, feux d’artifices et ballons.

Les gens s’entassent, littéralement barricadés, à partir de midi pour avoir une bonne place. Notre hôtel étant dans le périmètre de sécurité, nous n’aurons pas besoin de subir ce supplice (nb : on n’aurait pas perdu 12 heures à New-York pour ça)…

19 :25
Nous revenons d’une belle journée de promenade et shopping dans SoHo; on prend le métro pour regagner le Midtown car nos jambes ne peuvent plus avancer. On entend alors l’annonce suivante :
-« Due to shhsrggThe event in Time Shhhgrshh tonightgrssss; the metro grshhhgr 49 street »

Une gentille dame nous décode que le métro n’arrêtera pas à la 49ième. Pas grave, on arrêtera à la 42ième et on marchera. Pour ceux qui ont voyagé sur le métro de New-York, c’est rapide et pratique, mais incroyablement mêlant. Nous nous sommes ramassés sur le mauvais coin de rue. En toute autre occasion, ça n’aurait posé aucun problème mais en ce soir de festivité (deux millions de personnes, je l’ai mentionné!), nous nous sommes retrouvés devant des barricades nord-sud-est-ouest et à des dizaines de policiers.

-« No folks, you can’t cross here! »

Nous sortons alors l’arme d’immunité diplomatique; notre clé de chambre d’hôtel.

-« Our hotel is within the security perimeter Sir »

-“Ok then. You’ll have to go east to 5th ave, then up ‘til 49, then back across Broadway, then to the 8th. You will cross a lot of check point, so keep your ID and hotel cards at reach. Alright, keep moving now, you’all have a Happy New Year guys.”

Il y avait foule, partout. Des bruits de sirènes, de policiers qui dirigent le trafique, les flûtes, les gens qui chantent, qui crient. À chaque coin de rue, la marée humaine refoulait et, cordés comme des sardines, on attendait le signal pour recommencer à péniblement avancer. Nous, les yeux ne nous arrêtaient pas, on se regardait, on se souriait, on filmait. Et on se tenait la main très fort.

Ça nous aura prit 1h30 pour retourner à notre hôtel. Check-points, fouille au détecteur de métal, nous, nos sacs, ma sacoche. 5th, 6th, Broadway, et l’hôtel, en escorte policière. Hautement trippatif comme dirait M. Languirand.

Sushis, vin et champagne, affalés sur le mini-lit de notre mini-chambre, nous avons regardé les festivités live à la télé jusqu’à 11 :30!! Heure où nous nous sommes habillés pour regagner Time Square à temps pour un bain de foule et de confettis. Très très hautement trippatif.








1er janvier 2008


He wasn't sure about the hat... but I was...

So very New-York...



Après une journée de FAO Scharz, de Central Park, de Guggenheim, et de Saks, on est sonné. On fait une sieste. Jusqu’à 21h…

-« Merde, il est tard! Qu’est-ce qu’on fait? »
-« On avait dit qu’on irait manger dans la Petite Italie et qu’on irait prendre un verre au Blue Note. Mais je ne suis plus certain si j’ai l’énergie… »
-« Moi non plus. Qu’est-ce que tu dirais d’un New-York Steak et de l’Empire State Building. Comme dernière soirée dans la Grosse Pomme, ça pourrait être marrant! »
-« Sounds perfect »









***
L'indomptable, la géante, l'enivrante...

Until next time, farewell beautiful New-York...


***





Au moins, il y en a un qui est heureux que je sois rentrée...