mercredi 22 octobre 2008

L'usure de la compassion

Comme pour plusieurs d'entre vous, la magie de Facebook m'a permis de profiter de retrouvailles inespérées. Comme avec cette amie, la première que je me suis faite en quittant le nid familial pour la vieille capitale. Dans mon collège beaux-gosses-de-riches, je peinais à trouver une âme avec un minimum de compatibilité… Puis Anne est apparue comme un vent de fraîcheur en ces murs austères.

Quinze ans plus tard, la revoici, dans ma boite de courriel du populaire site "social". Les mots qu'elle m'a écrits mon grandement touché; la femme qu'elle est devenue, tout autant.

Profitant du petit micro qu'est ce blog, voici quelques mots à mariner, pour vous-même.

"Je te jure, les 3 premiers mois passés en pédopsychiatrie, je me saoulais presque à tous les soirs, tellement j'hallucinais de ce que j'entendais. J'ai même, au jour de l'An 2005, passé une nuit à brailler dans les toilettes, après une soirée au travail à essuyer le sang d'une petite fille de 13 ans, sur un mur. Ouin ! Des histoires de souffrance et d'une violence incroyable ! Et puis, tu vois, 4 ans plus tard, bien que j'aime toujours la psychiatrie, j'ai découvert que j'étais devenue blasée, que maintenir une enfant au sol ne me faisait plus sourciller, et que je pouvais poser un "set" de contentions sur un lit les yeux fermés. L'usure de compassion existe."

L'usure de compassion existe.

Voici un indice à ce qui demeure une grande question.
Pour ceux qui en doutent; pensez-y devant le prochain clochard étalé sur la bouche d'air chaud du métro…

La compassion d'Anne ne s'est pas tout usée; elle s'occupe maintenant de nos militaires qui reviennent du cauchemar du Moyen Orient.