mardi 21 août 2007

Conversations et pop-psycho

-Salut Babes!

-Salut V!

-Ça va? Qu’est-ce que tu fais de beau?

-Je fais mes rédactions et recherches d’université et je travaille sur un gros contrat.

-Ah! T’as eu le contrat! Félicitations, c’est cool! Qu’est-ce qui se passe d’autre dans ta vie?

-Rien. J’te dis, je travaille et j’étudie.

-T’es pas tannée?

-Non. C’est ça ma vie ces semaines-ci. C’est ainsi et ça me plaît. J’fais ma sauvage et je bosse 12 heures par jour – c’est le bonheur.

-(…) Qu’est-ce que tu as fait cette fin de semaine?

-Mmmm. J’ai travaillé et étudié? Et j’ai regardé 14 films.

-Euh… Ah, bien, c’est d’la détente ça!

-Non, c’est pour le boulot. Ça fait partie de mon contrat.

-T’es payée pour regarder des films?

-Ben, pas juste pour ça, mais en partie oui.



-Pis as-tu eu d’la visite la semaine dernière?

-Oui, madame. J’ai quand même pris une pause pour un p’tit « pyjama party »!

-Pis, c’était l’fun?

-You bet. Mais j’avais un peu hâte qu’il parte. Tsé, j’avais des films à regarder!

-Hihihi! Qu’est-ce que tu lui as dis?

-Qu’ici, c’est comme un Bed and Breakfast, sans breakfast. Non, non, je blague. Je lui ai rien dis. J’ai ouvert la porte, j’ai fais monter le chat sur le lit et je me suis mise à parler de mon félin; comment il est cute quand il fait ceci et qu’il fait cela. C’est généralement assez efficace.



-J’ai regardé le pseudo-pop-psycho-documentaire « The Secret »!

-Pour ton contrat?!

-Non!! Par curiosité pour ce qui est sur toutes les lèvres en ce moment. C’est étonnant les « buzz » comme ça. Je n’avais jamais entendu parler de ce film, ni du bouquin, et en l’espace de quelques jours, de 6-7 sources différentes, on dirait que tout le monde à l’unisson, se passait le mot…

-Pis qu’est-ce que tu en a pensé?

-Je pense qu’il faut avoir le discernement de constater que, premièrement c’est créé pour des 2 watts. Le rendu est quétaine à souhait; la musique new-age, le montage en fondu, les personnes interviewées – certaines ayant je suppose une certaine crédibilité, mais aussi des évangélistes et des no-body, les background font presque penser à l’ambiance du « Da Vinci Code ». Deuxièmement, c’est cette idée de « secret » qui me gaze. La pensée positive, la visualisation – j’pense pas que c’est encore de l’ordre du secret! Mais ça fait partie du « package-très-marketing ».

-J’en conclu que t’as pas aimé ça!

-Non, en fait, j’ai aimé. Justement il faut simplement avoir le discernement de prendre l’essentiel du message et laisser faire le reste. Car ce message, il a été confirmé bien souvent par bien des gens, même Languirand dit que « tout part de nous ». Je n’ai pas besoin de mettre une petite roche dans mes poches et je ne crois pas que je vais mettre une photo de Porsche sur mon frigidaire. La « pensée positive » est un terme simpliste qui n’empêche pas d’aspirer à un meilleur contrôle de ses émotions, à être « au volant » de sa vie. Et je ne pense pas que quelqu’un puisse croire aux « bénéfices » d’une pensée négative. Jusqu’à preuve du contraire, je pense que j’ai le choix en me réveillant le matin. Après, parfois la vie fait en sorte que le monde nous tombe sur la patate, mais enfin, au réveil, quand la journée est encore toute belle et fraîche, je choisis de me dire qu’elle sera belle.

***




6 :00am
Le cadran sonne. Doucement, j’ouvre mes yeux. Espace musique me ramène tranquillement dans ce monde. Par le puit de lumière, je vois que le soleil sera magnifique aujourd’hui. Je prends quelques secondes pour écrire mes rêves, relire ceux de la semaine dernière et en rire un peu. Sans porter attention à Émile qui beugle l’autre bord de la porte, je dessine un peu ma journée; finir cela, envoyer ceci, appeler un tel…

Et ben, pas mal cool comme journée!

Je me lève, m’habille un peu, salue le chat qui ne veut que bouffer.

-Émile, on se calme un peu ok? I don’t think you’re on the verge of starvation body..
Miaaaaooooouuuuu


-Émile, tu le sais, tu passes après la mise en chantier du premier café. C’est d’même.
Miaaaaooooouuuuu
Miaaaaooooouuuuu

-Aille Bouboule, tasse toi donc un peu! Maudit…
Miaaaaooooouuuuu

La cafetière est sur le poêle. La tasse se fait réchauffer.
Miaaaaooooouuuuu
J’ouvre la porte du frigo. Pu de lait.

Miaaaaooooouuuuu

-Ahhh. Taba***. Ah Mimile shut up!
Fu***, fu***, fu***……


Des fois, on a beau choisir de passer une belle journée, des fois, y’a juste pu de lait dans le Frigidaire.
(Li-liberté, éditorialiste-pop-psycho-à-5-cents)



mardi 14 août 2007

Chronologiquement

Le 26 juillet

Je ne sais plus rien. Je ne me sens plus.
Délicatement, j’ouvre mes œillères. À tout ce que je ne voulais pas voir. Se faisant, j’ai terriblement peur.

Alors, perdue dans les méandres de mes questionnements, je refais les plates-bandes chez ma sœur. Je gratte la bedaine de Léopold. Le chat.
Je fume.
Je brûle ma peau sous le soleil. « Elle est morte, de toute façon », me dis-je.

Le 28 juillet

Je termine « Lorsque j’étais une œuvre d’art » de Schmidt. Je suis sous le charme de cette plume délirante. Je commence « L’amour dure trois ans » de Beigbeder, je me désole devant les constats déprimants, mais Ô combien vrais, sur l’amour et le couple.

Je termine et envoi mon dernier travail de recherche :
« Comment expliquer le délai à l’engagement amoureux chez les trentenaires? »
Il y a douze pages de raisons. Je me désole encore plus.






Le 29 juillet


« Papa? On va à la plage? »
« Je passe te prendre dans 30 minutes, j’apporte la bière! »

Cooler, chaises de plages, bouquins, et cigarettes.
On se parle. Juste quand ça vaut la peine. Puis on regarde la mer. Et on réfléchi.

Le 30 juillet

Art thérapie. Atelier de collage, aquarelles, et dessin avec Eve. Je remercie le ciel d’avoir une âme-sœur aussi créative et inspirante.

Je commence à voir plus clair. Je pense. Je commence à me sentir prête.
Je vais repartir bientôt. Bientôt.

Le 30 juillet

32 et soleil. Le seul endroit où je pars aujourd’hui est la plage.

Le 2 août

5 :45am Gare d’autobus de Gaspé
Comme toujours, la séparation avec ma sœur est éprouvante. Je ne pleure pas, elle non plus. On sait toutes les deux que c’est préférable de faire semblant. Les 14 heures d’autobus me terrifient presque autant que de m’imaginer, seule, le soir venu dans la métropole.

Le paysage défile devant moi, à travers le filtre d’eau qui se berce dans mes yeux. La côte, la mer, les villages qui un à un me donnent le vertige de l’éloignement.

« Pourquoi t’es jamais bien nulle part? »
Je ne sais pas encore.

À Matane, une jolie rousse vient s’asseoir à côté de moi. Elle dézipe son sac à dos et sort un chat qui ne semble pas du tout ébranlé de sa situation. Elle l’installe sur un coussin et se retourne vers moi :

« Je pars pour Montréal, mais je ne suis vraiment pas certaine. Je donne une dernière chance à mon chum, pis sinon, je reviens à Matane pour de bon. Je m’appelle Marjorie et elle c’est Soussoune »





Alors on a refait le monde, la famille, l’amour, la carrière en se racontant nos vies et en se laissant pleurer à notre guise. Soussoune se promenait de cuisse en cuisse, venant ronronner tantôt sur moi, tantôt sur sa maîtresse.

20 :45
Berri-Uqam. 68 degrés, 0 air. Je redoutais ce moment et j’avais raison. Ce matin, je prenais mon café au bout du cap, devant la mer, avec ma sœur. Là, je ne sais pas où je suis. Ça pue, il fait chaud, tout le monde se bouscule, et c’est impossible de respirer. Ah, oui, je suis à Montréal. « Welcome back Sister », me dis-je.

23 :00
Je tombe dans mon lit. Avec Émile, qui a oublié de bouder tellement il est heureux d’être dans ce lit avec moi. Il est bien le seul.

Mais je sais que les bases sont là. I know what I have to do.
Focus Lili, focus.

Le 3 août

Première grosse rencontre avec un très gros client. Dans le métro, mon horoscope dit : « Aujourd’hui vous rencontrerez des gens importants qui changeront le cours de votre carrière ».

La rencontre se passe tellement bien que je suis incapable d’engouffrer mon bonheur dans la bouche de métro. Je marche. Des heures de temps.

Pour respirer le vent qui tourne pour moi.