dimanche 20 juillet 2008

Des nouvelles

L'homme et son char

Ma nouvelle situation conjugale me donne un accès privilégié à un sujet inépuisable: celui de la nature humaine masculine. Incroyablement fascinant. Tant de fois, je l'écoute et le regarde en me disant: mais qu'est-ce qu'il me raconte là? Puis je décode, je traduis en "langue féminine" et, non sans une touche d'une certaine perplexité, j'arrive à comprendre. Sourire en coin, je constate à quel point nous sommes quand même des espèces si différentes.

Samedi matin 10h30, à la maison de Saint-Pierre, mon Mc saute hors du lit avec une énergie rarement observée. Le pro-du-snooze enfile ses jeans d'une main, et ses lunettes de l'autre.

- J'ai rendez-vous chez le concessionnaire ce matin, me dit-il.

Ouké…
Étonnée, pas tout à fait réveillée, j'analyse ce nouveau concept: Mc, char, 10:30am. Je réalise que mon bel artiste intellectuel et profond ne se soustrait pas à cette simple virilité masculine: l'homme et son char. Lui? À ce point?

Je relève la couette;
- Pas tout de suite… Alleeeeez charmant, viens te recoucher un peu avec ta douce…
- Non, vraiment chérie, ils ferment à midi, j'ai pas beaucoup de temps…

Hummm. Ok. C'est du sérieux…
C'est vraiment marrant tout ça!
J'observe cette frénésie en me rappelant une conversation que nous avions eue à New York:
- Chériiiiie, fermes les rideaux, qu'est-ce que tu fais debout à 10h?
- Les magasins ouvrent à 9h, je suis déjà en retard…


Alors quand il me propose de l'accompagner "si je suis capable d'être prête en 15 minutes", je me décroute les yeux en réfléchissant.

Mon instinct féminin me suggère d'accompagner l'homme dans cette expédition.

Le fait est que j'aime aussi les chars. J'aime conduire. Je connais les marques, les modèles, les différentes conduites. Alors c'était de joindre l'utile à l'agréable.

Agréable: magasiner une voiture que tu n'auras pas à payer
Utile: La tâche (ingrate) d'avoir à être la voix de la raison.

L'homme reluque une Honda S2000, petit bolide sport, délicieux à conduire, dispendieux et pas-pratique-pour-5-cennes.

Quatre heures plus tard, quelques essais routiers, de multiples conversations "char" avec le vendeur (qui était tout ce qu'un vendeux-de-char digne de ce nom doit être), on décide d'essayer une Cabrio pour la fin de semaine.

Mais la S2000 n'était tellement pas pratique, la Cabrio, pas assez puissante, la BMW 320 tousse en démarrant et après 453 heures à discuter du dossier char, la saga de l'homme et son char se poursuit…

Je demeure toujours aussi déroutée…
À suivre…

***


400 polaroïds




Virée à Québec le weekend dernier. La Sœur terminant une affectation dans la vieille capitale, on s'est déniché un Hôtel crado et on a décidé d'aller voir ce que M. Wyclef Jean et M. Robert Lepage avaient concocté.

J'aime bien retourner à Québec. J'y ai habité ma tendre enfance et ma jeune vingtaine. Encore plus merveilleux d’y retourner en compagnie de celle avec qui j’ai partagé ces séjours; Zeve. L’homme profitait de son dernier weekend avant de recommencer un Full time job et le ton était résolument à la fête pour les trois « adulescents » que nous sommes.

Comme on s’en serait douté, nous avons manqué Wyclef. C’est la faute à la terrasse du Linox, et de sa bière maison. Désolant, mais les côtes à monter jusqu’aux plaines étaient tout à fait hors de question. Puis le samedi aura été tout en douceurs et spontanéité. Des lattés au Temporel, puis une marche rue des Remparts. La soleil est bon, l’ombre encore plus.

Eve et moi sommes assises sur un banc. On regarde les gens passer devant nous.
- Eve, as-tu remarqué comment tout est propre ici? Les rues, les bars, le monde, ils sont tellement propres. C’est plein de fleurs partout, ça ne sent jamais les vidanges. À part un ou deux squeegies, ils sortent tous de chez Simons. C’est un brin aseptisé, un peu Disney World.

Méditant au soleil, on se regardait discrètement à chaque fois qu’une jeune femme montait la côte, titubant sur ses talons de 4 pouces tenant sa mini qui partait au vent.
Et Eve de me dire :
-Mmmm. Elle doit vraiment apprécier son après-midi.

...


Après un apéro au Belleys,



un autre sur notre terrasse VIP,




un souper entre amis, nous étions fins prêts pour le Moulin à images...





(Terrasse du Manoir des Remparts)



Ou enfin, c’est ce que nous croyions.

Encore une fois, le génie de M. Lepage aura réussi à nous jeter par terre.

***
(parlant de génie artistique…)


Rencontre






Croisé lors de vernissages, c’est finalement grâce à un 5 à 7 improvisé à son appart-atelier que j’ai rencontré Rohrer. Quelle belle soirée. Quel plaisir d’entendre Mc et Jean-Daniel échanger sur l’art, la technique, les matériaux, la conception, la vision. Aussi sur le métier d’artiste, le cheminement, les rêves, les craintes. Like a fly on the wall, j’écoutais et j’observais. J’aime les lieux de création. Voir ceux des autres. Leur organisation bordelique.

C’est quand j’ai mentionné ma fascination et passion pour le papier de soie qu’il nous invita vers une petite pièce, adjacente à son atelier, à l’arrière de la maison. On avait peine à y entrer tellement elle était remplie de livres, de stencils, de décalques, de manuscrits… et de papiers de soie. Enluminures, symboles chinois, motifs de la renaissance... J’en suis venue les jambes molles.

À 22 heures, gorgée de belles conversations, de découvertes, de partage, je repartie les bras rempli de cadeaux – une litho, trois catalogues de ses expos, et une montagne de papiers de soie, ce qui ajoute à son immense talent, une générosité extrêmement touchante.

www.jeandanielrohrer.com

***


Dimanche matin.

Je cherche désespérément une excuse pour ne pas avoir à commencer mon ménage. Les ptits rouleaux de poils-d’Émile qui valsent partout me découragent. Mon bureau est rempli de papiers, factures, fils d’ordi, de cell, de cam. Un rond de verre de vin rouge. Mon atelier est quelque part sous les livres, les pots de pinceaux, les ciseaux de couture… Je vous épargne la salle de bain, et les cernes de pâte à dent sur le comptoir.

Je vais aller jouer avec mes papiers de soie.