dimanche 24 février 2008

Vernissage

D-Day

Cheveux au vent, je vole vers le Musée, munie de ma housse à vêtements et de mon laptop. J’essais péniblement de ne pas m’étendre sur le trottoir glacé. Encore et encore, je repasse mes listes dans ma tête. Tout est béton armé.

Il y aura certainement des pépins de dernières minutes à gérer. Même dans la plus grande improbabilité, la coordination d’événement consiste réellement à savoir gérer l’improbable.

La pression était là, bien ancrée au fond de mon estomac. Midi, 13h, 14h. La journée est longue. On est prêtes. Quoi qu’il y ait à gérer – l’improbable – arrive toujours dans l’heure précédant celle indiquée sur les cartons d’invitation. Je ne tiens pas en place. Mon premier vernissage au Musée. Évidement, j’ai décidé de revamper la notion de vernissage de la maison. Je me souviens de la réunion de brainstorming que j’avais décidé d’organiser où tout le monde m’écoutait, l’air un peu perplexe, les questionner sur l’ambiance, la thématique, les couleurs…

J’avais de la matière. Une exposition magnifique sur la notion de pudeur et d’audace en matière de mode féminine. Des robes aux décolletés vertigineux, aux « hot pants », aux corsets aussi beaux qu’un Ingress. Cela commandait quelque chose de chaud, de « cabaret », de glamour. Projection vidéo; Dj (…et quel Dj j’ai trouvé !), éclairage soft, jusqu’aux dossiers de presse, parfaitement « brandés ».


15 :30
Je sors ramasser un café et fumer une clope. À mon retour, le monde venait de s’écrouler. Je vous épargne les détails, une question de sécurité et d’éclairage. Voilà l’improbable à gérer, comme un 2x4 dans le front.

16 :00
La crise se gère fébrilement, tout le monde accourt. Une escouade spéciale qui se faufile entre le va-et-vient du traiteur, des serveurs, des techniciens. Les fleurs devraient être arrivées. Où sont les fleurs? Qui est responsable des fleurs? « Allez très chère, passe leur un coup de téléphone parce que je commence à avoir chaud… »

16 :30
Quelques invités arrivent (une heure avant l’heure indiquée sur l’invitation…??) Jean-Pierre à l’accueil, les invites de sa voix charmeuse et chaude à visiter la boutique ou s’installer au café… Ouf… La sécurité n’est toujours pas au poil et nous ne pouvons laisser entrer les gens. La sécurité… Comment ça avance, ça. Je retourne dans l’Atrium.

-« Dis donc, cher Patron, comment va ce chantier? »
-« On fait ce qu’on peut (*?%&$*?&%?$?@#$?%)… Remonte en haut, va te préparer, prend ton temps, je gère ça »

17 :00

Je m’effondre quelques instants sur ma chaise de bureau. Je regarde par la fenêtre. Respire. Respire Lili.

J’ouvre la housse et regarde cet ensemble savamment choisi; élégant, sexy-chic, et je me métamorphose en moins de deux.

17 :30

Ok. Bring it on. Dans l’ascenseur qui descend vers le vernissage, j’ai peur et j’ai hâte que les portent s’ouvrent. Instant hautement transpiratoire.

-ding-

Devant moi, le hall tout éclairé d’ambre et de magenta, la billetterie de bois transformée en bar ou les plateaux de mousseux virevoltent, et l’électro-jazz qui enveloppe le tout. Right on. Perfect.

- « Et puis, Patron? »
- « Mes hommages Madame… même si tu m’as fait perdre 5 livres... »

Les Poulettes furent bien entendu, des adjointes et collègues hors pair, soutien nécessaire dans l’adversité!

Et particulièrement quand Émilie-Jolie est venue me dire; « Oui madame, il est très homme ton homme… et il a une très belle voix! » Oui, c’est vrai, me dis-je… Je prends un instant pour le regarder de loin, dans son complet parfait et sa nouvelle tête de cheveux… Ouais, pas mal homme mon homme…

***

Toute cette soirée fût parfaite, les commentaires élogieux. Et j’ai eu tant de plaisir. J’ai revu plein de gens, comme la belle Nike, mais aussi les visages familiers et rassurants de Loulou et Sylvain et la visite surprise d’Alex et Geneviève. Ça fait tant de bien de se savoir entourée.

C’est à ça que je repensais assise dans un sympathique resto du Vieux Montréal, avec mon homme et mon Dj.



Entourée. C’est savoureux.
Tout comme le Shiraz avec lequel nous venons de trinquer…


lundi 18 février 2008

Le béton et le vernissage

Dimanche,
15h,
15 sud

En moins de minutes, je passe d’un petit chalet niché au creux d’une montagne et bordé d’arbres à l’autoroute 15, elle, dentelée de panneaux publicitaires géants. Mon cerveau ne s’y fait pas. Il ne peut aller aussi vite que la voiture, qui file à 120 km/h.

D’ailleurs tout le monde file à 120 km/h. On se suit comme les enfants de garderie qui défilent, tous attachés l’un à l’autre. On roule, on avance, on va sûrement finir par arriver. Puis toutes les lumières de freins arrière s’allument, l’une après l’autre. Click, click, click.

Il y a trente minutes, j’étais dans le bois.
Présentement, je pense à ma Gaspésie, où l’on peut être des heures sans voir un autre char.

Mais l’imagination n’étant pas si élastique; je suis quand même sur la 15 à Laval.

Je sais que j’angoisse. Ce n’est pas juste la 15. C’est aussi le vernissage que j’organise et qui aura lieu dans quelques jours. En coordination d’événement, c’est minuit -1. Je repasse des listes dans ma tête; invitations, textes, Dj, bannière, publicités, mise en page, traduction... Comme un skieur qui mime sa descente, les yeux fermés.

- Ça va Lili?

- …Ça ira…

Et comme une bénédiction tombée du ciel; la magie de la radio satellite nous envoi un Jacques Languirand, un Par Quatre chemins qui suffira à oublier quelques instants le béton et le vernissage.

mardi 5 février 2008

Le Salon de la Mariée


(ou le Salon de la petite princesse)

J’en surprendrai plus d’un en avouant que je suis allée, samedi matin dernier, au Salon de la mariée au Palais des Congrès. Une mise en contexte s’impose. Il y a quelques mois, nous avions reçu à mon boulot des invitations pour cet événement. Mes super adjointes, qui ouvrent mon courrier, se sont bien payé ma gueule-de-célibataire en laissant les billets bien en évidence sur mon bureau.

En posant mes yeux sur le coupon, un seul mot me vient en tête : KINO.
-Vous ne devriez pas me lancer des invitations comme ça les poulettes, maintenant, vous êtes prises pour venir avec moi… On va faire un court métrage!

L’une d’elles nous a finalement faussé compagnie. Son excuse était des plus valable : « Mon chum ne me croira jamais si je lui dit que c’est une blague ».
T’as raison Milie, les mecs, faut pas leur faire des peurs comme ça…

-T’en fait pas ma bretonne, j’ai la personne qu’il nous faut. Laure s’est fiancée à Noël!



- Laure tu fais quoi samedi matin?
-Ah, rien, pourquoi?
-Parce que l’on s’en va au Salon de la mariée…
-Tu rigoles?
-Pas du tout, on fait un kino et j’ai besoin d’une fiancée. La bretonne jouera ta demoiselle d’honneur…


La belle fiancée me racontait récemment à quel point elle peinait à feindre l’éblouissement devant une de ses amies qui lui déballait les photos de son mariage, les coussins de divan avec le portrait des époux, jusqu’à la peinture faite à partir d’une photo qui trônait au dessus de leur lit.

En sortant, Laure précisa à son fiancé que cet étalage était tout ce qu’elle ne voulait pas. Laure veut aller se marier à Vegas, un weekend sur le fly… (Je donne personnellement un A+ à cette idée)

D’ailleurs, laissez moi vous raconter les fiançailles de Laure et Paul, que je trouve des plus délicieuses, merveilleusement romantiques, et surtout des plus authentiques et sincères.

Les tourtereaux passent les fêtes en France dans leurs familles avant de devoir se quitter pour trois mois, Paul allant bosser à Paris et Laure à Montréal. Au matin du départ de Paul, après 5 ans d’amour heureux, ils se sont dit : Dis donc, on se fiance?

Hop dans la voiture, hop bijouterie, pour finalement se passer la bague au doigt, remplis d’émotion, dans le stationnement de la gare.

La spontanéité n’a pas d’égale.


***

Le Salon de la mariée fût à la hauteur de nos attentes.
L’apothéose du kétaine.

Voici nos plus succulentes découvertes – qui feront l’objet d’un kino quand la réalisatrice aura le temps :

- Des Hummer Limousine, des spécialistes de la noce médiévale, Nautilus Plus, Master Card, une compagnie de Paintball et une autre de danseurs nus pour le Bachelorette respectif de Monsieur et Madame, grosses robes à crinoline et déclinaisons pastelles pour les demoiselles, un service de spas à domicile, des diadèmes, et des chandelles affichant la photo du couple…

- Une mention spéciale pour le kiosque d’une compagnie vendant des alcotests individuels et personnalisés avec la photo des futurs époux et une prose de leur choix. (Je proposerais : Saoûlez-vous comme il le faut – pêtez la balloune, et profitez du chauffeur que nous avons engagé pour la soirée. Vos nouveaux époux alcooliques et responsables xx)

- Mes félicitations à Laure pour avoir gardé son sérieux pendant d’interminables minutes, alors qu’elle se faisait friser les cheveux par une demoiselle qui l’assurait que ce fer à friser lui donnerait des boucles fermes pour au moins 12 heures.

***

En somme, le Salon de la Mariée est recommandé pour enlever toute envie de se marier.

Une chance, il reste la spontanéité
et Vegas…