samedi 27 septembre 2008

Stepping stones et foie gras

Tout se transforme. Tout bouge. J'ai peur de perdre pied. Pourtant j'ai été élevée sur un voilier, la houle n'est pas supposée me débalancer. Même dans les plus grands vents, je peux courir du cockpit au pont, même sauter sur le quai pour amarrer l'embarcation. De n'importe où, les yeux fermés, je sais pointer le fleuve.

Pourtant en ce petit matin d'automne, je doute. Je ne sens pas mes pieds sur le sol. Peut-être plus à 6 pouces dans les airs. Alors que la nature s'apprête à s'endormir, il y a un grand squall à l'horizon. L'instabilité de l'air est palpable. Le nouveau projet d'enseignement n'est que le début, l'entrée m'annonçant que le plat principal serait tout aussi substantiel.

Je suis allée souper au Mange-Grenouille cet été. Une bouffe débile, psychadélique, lyrique, qui nous occupa pendant 3 heures. Déjà, après l'amuse-gueule, le potage et l'entrée, j'attendais le foie gras en me disant; Ouf, "better be ready girl". J'ai hâte, j'ai hâte que mes papilles gustatives s'éveillent et se contentent. Du même coup, je ne peux m'empêcher de me demander comment je vais faire.

It's like stepping stones… Dans la petite marina de Neuville, où j'ai grandi tous mes week-ends de jeunesse, ma sœur et moi passions nos journées principalement à pêcher des meneys, couchées à plat ventre sur les pontons, ou nous allions courir et sauter sur les immenses rochers entourant la marina. Mes petites jambes s'élançaient savamment pour atteindre la roche suivante (et arriver à suivre ma grande sœur). C'est ainsi présentement. Mes jambes, plus longues et habiles, sautent d'une roche à l'autre, planifiant stratégiquement où placer mon pied et ma personne tout en gérant le vertige.

Je pense à ma sœur. Ma sœur qui quitte sa Gaspésie pour la ville. Après plus de dix ans au bout de la péninsule, elle redéménage sur l'Île. Elle me disait combien les levés de soleil l'émouvaient depuis qu'elle a officialisé sa décision en louant sa maison. Comme si elle emmagasinait avant le squall.

Emmagasine Bella, et viens t'en, on a bien besoin de levés de soleil gaspésiens à Montréal.

mercredi 17 septembre 2008

Tchou-tchou!

Pensiez qu'j'avais disparue hein?!

Ça va tellement vite que des fois, j'sais plus où je suis moi-même. Les kilomètres s'enfilent sous mes pieds, comme dans ma tête. J'ai 18 minutes pour écrire. C'est le temps qui reste avant que le filet de porc soit prêt. Il est tard. J'ai le cerveau comme de la purée de pomme de terre. M'en excuse.

Media plan, types of advertising, consumer's behavior, & advertising agencies…

Je reçois un courriel il y a deux semaines, m'offrant une charge de cours dans un collège (celui là même où j'ai gradué). Il n'y a eu aucune hésitation. When do I start? Next week. Me voilà donc devant 34 jeunes adultes, le lundi soir, à enseigner "Advertising and promotional activities". Assez hallucinant. Et une expérience hautement intense. 68 yeux sur vous pendant trois heures.

Alors, voilà. Comme le contrat venait avec un mince plan de cours du Ministère, je passe mes soirées, mes fins de semaine et quelques nuits plongée dans les manuels et hypnotisée de tant de pages internet. Mais j'aime ça. J'adore. Ça me garde éveillée comme un bon film.

Ne faisant jamais les choses à moitié; je me suis armée de plusieurs sources (3 livres de pub à 120$ pièce). La rigueur. Les communications n'étant pas des sciences exactes (j'en ai pris pleinement conscience), je choisis ce qui me semble le plus soutenu selon les diverses sources. Je vérifie et recompile, je synthétise, je vulgarise, j'illustre.

Puis il y a la structure du cours. Combien de matière ça prend pour remplir trois heures, l'envoi des formulaires de repro par internet, le no d'employée, les réservations de projecteur, les listes de groupe, les examens à bâtir, les exercices à concevoir.

Du Musée, je passe par le Collège pour une raison ou une autre. Les autres soirs, c'est par la bibliothèque que je détourne. Puis j'envahis la table de la cuisine de papiers, laptop, livres, plan de cours… Et tout le reste s'en va. Concentration plein gaz.

Oui mais Li-liberté, il y a la vie aussi?

Je sais. Elle est partout cette vie. Y'a des bouts où il faut méditer, introspecter, mariner. Et il y en a d'autres ou il faut juste sauter dans le train.

Tchou-tchou!