mardi 14 août 2007

Chronologiquement

Le 26 juillet

Je ne sais plus rien. Je ne me sens plus.
Délicatement, j’ouvre mes œillères. À tout ce que je ne voulais pas voir. Se faisant, j’ai terriblement peur.

Alors, perdue dans les méandres de mes questionnements, je refais les plates-bandes chez ma sœur. Je gratte la bedaine de Léopold. Le chat.
Je fume.
Je brûle ma peau sous le soleil. « Elle est morte, de toute façon », me dis-je.

Le 28 juillet

Je termine « Lorsque j’étais une œuvre d’art » de Schmidt. Je suis sous le charme de cette plume délirante. Je commence « L’amour dure trois ans » de Beigbeder, je me désole devant les constats déprimants, mais Ô combien vrais, sur l’amour et le couple.

Je termine et envoi mon dernier travail de recherche :
« Comment expliquer le délai à l’engagement amoureux chez les trentenaires? »
Il y a douze pages de raisons. Je me désole encore plus.






Le 29 juillet


« Papa? On va à la plage? »
« Je passe te prendre dans 30 minutes, j’apporte la bière! »

Cooler, chaises de plages, bouquins, et cigarettes.
On se parle. Juste quand ça vaut la peine. Puis on regarde la mer. Et on réfléchi.

Le 30 juillet

Art thérapie. Atelier de collage, aquarelles, et dessin avec Eve. Je remercie le ciel d’avoir une âme-sœur aussi créative et inspirante.

Je commence à voir plus clair. Je pense. Je commence à me sentir prête.
Je vais repartir bientôt. Bientôt.

Le 30 juillet

32 et soleil. Le seul endroit où je pars aujourd’hui est la plage.

Le 2 août

5 :45am Gare d’autobus de Gaspé
Comme toujours, la séparation avec ma sœur est éprouvante. Je ne pleure pas, elle non plus. On sait toutes les deux que c’est préférable de faire semblant. Les 14 heures d’autobus me terrifient presque autant que de m’imaginer, seule, le soir venu dans la métropole.

Le paysage défile devant moi, à travers le filtre d’eau qui se berce dans mes yeux. La côte, la mer, les villages qui un à un me donnent le vertige de l’éloignement.

« Pourquoi t’es jamais bien nulle part? »
Je ne sais pas encore.

À Matane, une jolie rousse vient s’asseoir à côté de moi. Elle dézipe son sac à dos et sort un chat qui ne semble pas du tout ébranlé de sa situation. Elle l’installe sur un coussin et se retourne vers moi :

« Je pars pour Montréal, mais je ne suis vraiment pas certaine. Je donne une dernière chance à mon chum, pis sinon, je reviens à Matane pour de bon. Je m’appelle Marjorie et elle c’est Soussoune »





Alors on a refait le monde, la famille, l’amour, la carrière en se racontant nos vies et en se laissant pleurer à notre guise. Soussoune se promenait de cuisse en cuisse, venant ronronner tantôt sur moi, tantôt sur sa maîtresse.

20 :45
Berri-Uqam. 68 degrés, 0 air. Je redoutais ce moment et j’avais raison. Ce matin, je prenais mon café au bout du cap, devant la mer, avec ma sœur. Là, je ne sais pas où je suis. Ça pue, il fait chaud, tout le monde se bouscule, et c’est impossible de respirer. Ah, oui, je suis à Montréal. « Welcome back Sister », me dis-je.

23 :00
Je tombe dans mon lit. Avec Émile, qui a oublié de bouder tellement il est heureux d’être dans ce lit avec moi. Il est bien le seul.

Mais je sais que les bases sont là. I know what I have to do.
Focus Lili, focus.

Le 3 août

Première grosse rencontre avec un très gros client. Dans le métro, mon horoscope dit : « Aujourd’hui vous rencontrerez des gens importants qui changeront le cours de votre carrière ».

La rencontre se passe tellement bien que je suis incapable d’engouffrer mon bonheur dans la bouche de métro. Je marche. Des heures de temps.

Pour respirer le vent qui tourne pour moi.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Ooooh Li-liberté !!! N'être bien nulle part... Que de fois ne ressent-on pas cette sensation de n'être bien nulle part.

Mais je me dis que si l'on n'est pas bien dans sa tête et dans son corps, on ne sera jamais bien nulle part. Enfin c'est mon cas...

Je ne parle pas pour toi bien entendu. Chacun à son passé, son vécu et avec ces ingrédients essaie de vivre un présent...

That's all !! and That's life !!

Gros bec de Belgique...

Liliberté a dit...

Bonjour la Belgique!
Comme je suis heureuse de vous revoir sur mon Blog! Tu as bien raison. Je crois qu'étant de nature très nomade (!) j'ai comme un besoin de sédentarité momentanée - que je ne sais pas où déposer! Je crois que je fais du chemin dans ma tête, et que mes pieds ont besoin de suivre!

Yes that's all and that's life my friend!

Merci pour les becs de Belgique - je ne t'en envois pas de Montréal, il fait chaud et ça pue partout - mais je t'envois des becs de la Gaspésie, un taux beaucoup plus concentré de bonheur et de paix...
L

Anonyme a dit...

salut ma belle,
on n'est bien nulle part jusqu'à ce que l'on soit bien avec quelqu'un, c'est ça le constat.
MA chérie, je vis les plus beaux jours de ma vie.
je suis pleine en-dedans comme jamais. je ne sais jusqu'à quand, mais j,en orofite.
Merci d'être là, toujours et sans questions.
Je t,Aime MAria

Anonyme a dit...

pourrais-je avoir une copie de ton dernier travail svp ? J'en suis grandement intéressée...
Bisous..en espérant te voir la biquette samedi soir.