samedi 28 juillet 2007

Hisser les voiles...


On détache les amarres pendant que le moteur fait ronron. Une brise chaude allège la chaleur estivale. Je regarde au loin, la Baie de Gaspé qui nous attend. « Le Disneyland des marins », me dis-je. Y’a pas plus beau terrain de jeu. On s’éloigne, doucement, à moteur. Le vent se fait plus frais, c’est « le large » qui appelle. Comme j’ai hâte, la voile, enfin la voile.

J’ai passé mon enfance sur un bateau à voile. Tous les étés, toutes les fins de semaines, les vacances annuelles, et parfois un petit mardi soir, juste parce que le vent était propice. De la voile sous le soleil, de la voile la nuit, par tempête - en bikini, ou avec une tuque et des mitaines. Je me souviens des après-midi à attendre le vent ou la marée à la marina. Sœur et moi, couchées sur les pontons, à pêcher des menés pour se désennuyer. On y connaissait tout le monde, et nous étions généralement les seuls enfants. Alors on était gâtés. Il y avait toujours une gentille dame pour nous offrir des biscuits ou une liqueur.

Et puis, le départ :
-« Les filles? Venez vous en, on part »

Notre premier voilier "Naoussa". Les deux petites puces sur le pont, dans des gilets de sauvetage encombrants et chapeaux assortis - c'est soeur et moi...


On berce lentement vers le large. Puis, moment de grâce, on ferme le moteur. Il n’y que le bruit de l’eau et du vent. On hisse les voiles, on prend de la vitesse, on commence à gîter, et … ahhhh … c’est le bonheur.


La terre n’est plus la même vue du large.
Question de perspective.

Vingt-cinq ans plus tard (!), c’est toujours le même feeling. Mardi après-midi, quand on a coupé le moteur, quand on a hissé les voiles, c’est avec le même émerveillement que j’ai réécouté tous les sons propres à la voile. Les drisses qui « cling » sur le mât, le vent qui frappe la voile en la tendant, la coque qui frappe chaque vague. Quand on gîte tellement que l’on pourrait pencher la tête par derrière et se faire mouiller les cheveux.

Y’a rien comme la voile.
C’est que tous nos sens sont en extase.

Les centaines d’histoires que je pourrais vous raconter à ce sujet : le troisième bateau de mon paternel qui a explosé, les partys que j’ai fait à bord alors adolescente, les écluses de St-Ours, mon bal de finissants du collège que j’ai loopé pour aller faire de la voile, les étés au Lac Champlain…

Mais je vais vous dire ceci. Dormir en se faisant bercer par les vagues, être couché en regardant le ciel étoilé par l’écoutille, et en se collant contre sa grande sœur, y’a de quoi émouvoir pour longtemps.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Wow!
Souvenirs, souvenirs. Je partage, je savoure...Je retourne loin loin...Merci! Parfois j'oublie ces étés merveilleux à chasser le monstre du lac Champlain ou encore à pratiquer le plongeon parfait jusqu'à l'épuisement! Les tours de "dingy" aussi... Comme j'y retournerais et me laisserais bercer par la houle en regardant les étoiles à travers l'écoutille. Instants magiques. Je les partagerais aujourd'hui avec mes ti-lous et leur papa... J'imagine la photo: copie de la tienne avec deux moussaillons à casquette en avant sur le pont. It's called familly bliss they say!

GrenadineXX

Liliberté a dit...

Allo Grenadine!
Ahhh! J'espérais un commentaire de ta part moussaillon! Tout cet univers a façonné notre enfance et comme nous sommes privilégiées!
...
Bordel, j'avais oublié le monstre du Lac Champlain - merci! Pour le reste, tout est intact dans ma mémoire - jusqu'aux siestes d'après-midi, les trois fillettes dans la pince!

Je suis certaine que nous trouverons un jour un voilier pour y amener les ti-loups - il le faut! Definitely family bliss...

T'embrasse, enfant de la mer!
xx

Anonyme a dit...

Je verse une larme,,,,puis une autre...parce que ça me touche, parce que ça vient me chercher cette histoire de voile.
merci ma biquette.
T'aime
xx

Anonyme a dit...

Quel beau texte! Profites-en bien belle Lili!