samedi 7 avril 2007

Autobus jaune

Ce matin, je marchais sur le bord du fleuve. C’est le fleuve montréalais ici, rien à voir avec le fleuve de mon coin de pays, mais je suis dotée d’une imagination assez fertile pour « photoshoper » mentalement les cheminées d’usine et les gros condos bruns de l’Île des Sœurs. J’aime trop le fleuve. J’en ai besoin. Alors je le regarde comme si j’étais en Gaspésie. J’essais.

Près d’une école, un autobus scolaire jaune passe devant moi. Je le regarde traverser comme si j’étais assise dedans. Des souvenirs de l’enfance me submergent. C’est plus que des souvenirs, je sens sous mes doigts la cuirette des sièges verts. Dans ma tête il y a l’odeur du carburant, le bruit (si infernal à mes petites oreilles) de 40 enfants, il y a mes petits doigts qui dessinent sur le givre des fenêtres.

À chaque année, un nouveau chauffeur (c’est pas d’hier que je trotte!), souvent une nouvelle école. Je me rappelle, dans ma tête d’hypersensible, les premiers matins de septembre, monter à bord de l’autobus regarder le chauffeur en me demandant si celui-là allait être fin ou pas. Puis, dépassant à peine des banquettes, des dizaines de petits yeux braqués sur moi. J'avance dans l’allée, espérant un banc vide, un visage familier ou un sourire invitant.




J’ai des souvenirs tellement vivants, palpables de mon enfance. Sensoriels. Le son des drisses qui frappaient le mât de notre petit voilier la nuit, cling-cling, cling-cling, comme des cloches d’église. Je me souviens de la première fois où j’ai vomis, ne comprenant rien de ce qui arrivait à mon ptit corps. J’arrive à ressentir, de façon plus que précise, la sensation de ne plus avoir de contrôle sur ma respiration quand je me pâmais. Et je me pâmais souvent (je sais, ça explique bien des choses!). Je sens ma bouche ouverte, les gens s’agiter autour de moi, mais je n’arrive pas à provoquer le mouvement nécessaire à ma respiration. Cette semaine, en entrant dans un édifice, la première chose qui m’est venue en tête, est que ça sentait exactement comme celui qui logeait ma garderie. Weird, so weird.

J’aime toujours revisiter ces moments. Ressusciter Petite-Lili quelques instants. Peut-être que tout le monde arrive à ressentir les choses aussi vivement. Enfin, je ne sais pas, je vous raconte tout cela parce que… mmm… c’est ce qui faisait bouger mes doigts sur les touches de mon clavier ce soir.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Charmante cette photo, comme l'évocation d'un péché originel, en beaucoup plus naïf bien sûr... :-)

Liliberté a dit...

Bonjour Bugs...
Bienvenue sur mon Blog! Cette photo, oui, elle évoque! Bravo pour ta perspicacité! I'm impress.

J'ai compris très jeune que je préférais croquer la pomme... Question d'attitude!

;)

Anonyme a dit...

Eh bien je suis contente que tes petits doigts sur le clavier ont permis de me faire découvrir une petite partie de ton enfance.

Comme tu dis que d'odeurs, de souvenirs, de sensations ne nous font pas remonter à la surface des émotions que l'on croyait enfuies à jamais.

Coin de notre mémoire qu'il ne faut jamais détruire c'est notre tuteur qui nous a fait grandir dans la vie, enfin, pour autant que l'on ait grandi. Intérieurement ce n'est pas tellement mon cas. Mais bon ça c'est une autre histoire.

Bonne semaine Liliberté....

Liliberté a dit...

Bonjour chère Belgique,
Dieu sait que je ne suis pas si certaine que j'ai vraiment grandi! C'est tant mieux ainsi!

Enfin, je partagerai avec vous d'autres souvenirs d'enfance, car franchement, comme ca n'arrive pas si souvent, je dois dire que j'ai eu une enfance simplement magique et magnifique...

Ma mère est conteuse... ça te donne une idée! ;)

L...
Bonne semaine...