vendredi 13 avril 2007

Vents oniriques

Dans l’opacité nocturne, le film qui jouait dans ma tête ressemblait à une collaboration Tarantino-Lynch. Armande, SS du ménage, accroupie dans un coin, tient un petit chat qu’elle me demande de protéger des coups de feu, puis il y a des poursuites en voiture dans les bois, puis j’écris quelque chose dans un grand livre de bord. Je suis maintenant dans une grande maison que nous devons protéger des attaques Des visages que je ne reconnais pas reviennent encore, pointant toujours une arme sur moi. Je cours, je « stratège », j’organise les troupes. J’ai toujours un ou deux chats dans les bras. Au volant d’une Jeep, je dévale les petites rues de ce qui pourrait ressembler au Vieux-Québec. Chaque fois que nous croyons la partie gagnée, il faut tout recommencer. C’est « U-Turn » d’Oliver Stone.

Mon cœur bât si fort. Je sais que c’est un film, je sais que je rêve. Mais je suis fatiguée. J’ai chaud. Je gigote. J’en ai marre. Je crains.

Dans l’opacité nocturne, un souffle chaud rejoint mon cou, un bras se glisse sous ma tête, l’autre se visse autour de ma poitrine. Mon dos si tendu accueille un torse de chêne. Le reste des corps se lovent, se dessinent instinctivement dans un parallèle serré et parfait. Et se serrent encore un petit peu plus. Les enveloppes charnelles se fondent ensemble, les respirations se synchronisent, les pieds s’entrelacent. Les rêveurs s’aménagent.

Comme seule musique à ce repos, le ronron d’une petite féline, qui dort et rêve elle aussi, ayant depuis quelques jours pris plaisir à partager notre navire nocturne.

Cet immense lit s’envole à nouveau, doucement, se déconnectant.
Il est un grand voilier qui flotte dans le silence de la nuit au gré des vents oniriques.

Je retourne involontairement terminer mon film.



Après plusieurs autres séquences de combats, d’embuscades, de stratégies, je crois que c’est finalement gagné. Tout le monde se félicite, célèbre, et puis tout bonnement, reprend leur chemin.

Je reste seule avec un chat. Je quitte l’endroit. Je marche vers ailleurs. Je revois ensuite plusieurs personnages vaincus, qui semblent finalement délivrés par notre victoire. Un marche avec une baguette de pain sous le bras. J’en retrouve un autre couché sur un banc de parc, recouvert de papier journal. Je lui offre de me suivre, lui disant que ce sera mieux maintenant.

Pour les autres. Je ne sais pas. Je leur souhaite bonne chance.
Même si c’est vendredi 13.

2 commentaires:

Marie Eve a dit...

C'est un très beau texte, envolé!

Liliberté a dit...

Merci beaucoup Lilas...

C'est particulier, je l'ai composé en temps réel, dans ma tête endormie, alors que mon McRêve se lovait sur moi. Ce n'est pas nécéssairement un moment extraordinaire, simplement des gestes doux et des rêves weird qui reviennent souvent, mais cette nuit-là, je ressentais de façon exponentiellement vive. Chaque seconde, mouvement, émotions, me promettant de tout me souvenir et d'écrire au petit matin venu.

C'est si précieux un torse de chêne. Surtout quand ils atteignent l'âge de la solidité. Là, c'est simplement Mcintense.

À bientôt Lilas,
Lili